07/06/2009
Rich média et Web TV se généralisent
Interview de Jean-Louis Benard, Président-Fondateur de Brainsonic
Rich Media et Web TV se généralisent
Interview réalisée par Emmanuel Naudin, Eric Vandewalle et Luc Bretones,, Réflexions et Stratégies
R&S – Le parcours de Jean-Louis Benard
Jean-Louis Benard est un entrepreneur né. Dès sa sortie de Centrale Paris, sa passion pour les services Internet l’amène à fonder une société de service nommée FRA. A cette époque l’Internet était essentiellement résumé à du texte et l’apparition de l’image était marquante. Comme le dit JL Benard : « j’ai démarré tôt, trop tôt d’une certaine manière ». Finalement, il considère que c’est cette arrivée de l’image qui accéléré le succès d’Internet. En revanche, le manque de formation business à Centrale Paris lui fait rencontrer quelques difficultés et il revend sa société à Publicis interactif en 2001, dont il devient le CTO (Directeur Technique).
En 2003, la passion de l’entreprenariat le rattrape, Internet se transforme toujours plus vite avec l’apparition de la vidéo et des contenus, il crée Brainsonic convaincu de la convergence image-vidéo.
R&S – Parlez-nous de Brainsonic, son business model et ses activités.
Brainsonic emploie actuellement 80 personnes à Paris et une cinquantaine de sous-traitants en Europe, en Algérie, en Tunisie et au Maroc.
En 2003, malgré la forte vague du marché B2C, le business model restait difficile à appréhender. En effet, c’est un modèle risqué et l’idée de perdre de l’argent ne plaît pas du tout à JL Benard. Depuis l’origine Brainsonic s’oriente donc vers les marchés B2B / B2C.
A ce jour Brainsonic est toujours rentable avec une forte croissance. En 2008, Brainsonic a fait des opérations de croissance externe pour renforcer sa position : ils ont acheté Slideo (plateforme UGC[1] 2.0), Kalitic (moteur de recherche vidéo) et OnePoint TV (video marketing).
Brainsonic se concentre autour de deux activités : la production de contenus rich-media[2] et l’édition de logiciels en mode SaaS[3]. JL Benard a finalement appliqué une philosophie de production industrielle à ce domaine, ce qui lui permet de valoriser les coûts de diffusion et une des raisons de la rentabilité de son entreprise.
Brainsonic produit 700 vidéos par mois, 1000 avec OnePoint TV, ils sont clairement perçus comme une agence de communication interactive. L’organisation de leur production est très industrielle, ce qui leur a permis de faire baisser les coûts unitaires. Cette capacité unique en Europe de production les amène à couvrir, par exemple, les Tech Days de Microsoft.
Leur activité d’édition est focalisée sur une plateforme web-TV de gestion de contenus, vidéos notamment. Ils ont à la fois une approche dite « top-down » de publication de contenus, comme la TV du RC Lens ; mais aussi une approche « bottom-up » de partage de contenus vidéo, slides, photos. Ainsi Brainsonic aide Auchan dans la construction de ses rayons par le partage de photos entre chefs de rayon mais également chez Renault sur des projets de force de vente par le partage de connaissance. Un autre exemple, ce sont les commentaires partagés entre cinéphiles sur la plateforme UGC ou encore des événements comme le Téléthon.
R&S – Quel est votre vision du web 2.0 et de son marché ?
Le web 2.0 est constitué d’un aspect technologique de production de contenus originaux et d’un aspect social de partage. Chez Brainsonic, la production de rich-media originaux est mêlée à la communication participative des individus.
Néanmoins, j’aperçois plus de consommateurs de contenus que de vrai partage de publications originales. Cela s’explique facilement par le coût de la production vidéo mais aussi par son coût de diffusion. On a fait croire aux gens que c’était gratuit et on les a habitués à cette idée. Ce faisant, on a tué la possibilité d’offres payantes pour encore quelques années. La gratuité actuelle est assurée par les liquidités offertes par les fonds d’investissement. Pour combien de temps encore ? You Tube n’est pas encore rentable !
La crise économique actuelle montre que la réalité économique de ce marché n’est pas toujours proche des propos de certains « influenceurs » et remet en cause certaines promesses du web 2.0. Ce n’est peut-être pas l’Eldorado que l’on espérait ! Il faut savoir que le marché de la vidéo sur Internet est de l’ordre de 70 millions d’euros, dont 30 millions réalisés par les quatre gros acteurs (Brainsonic, Dailymotion, Kewego, ViewOn TV).
Le marché du web 2.0 est non transparent d’un point de vue financier et la croissance sur la production de vidéo est lente. Il faudra investir et innover pour se différencier.
R&S – Comment Brainsonic se différentie de ses concurrents ?
Notre capacité de production à des coûts profitables s’explique par de forts investissements dans notre système d’information et par une organisation très agile et très adaptable aux évolutions du marché.
Le nerf de la guerre c’est le système d’information et le nôtre est en appui de notre métier en fluidifiant les échanges. Il est composé d’applications de CRM, de planification de production, de reporting et monitoring qui nous aident à avoir une approche industrielle tout en intégrant de nouvelles acquisitions.
Chez Brainsonic, il n’y a pas de hiérarchie, le management est à plat et nous sommes organisés en mode projet. C’est finalement une pyramide inversée qui laisse la place à l’initiative individuelle.
Pour pouvoir approfondir cet entretien sachez que :
JL Benard est co-auteur de l’Extrem Programming.
Il est aussi Professeur à Centrale Paris.
01:54 Publié dans II- La fin de l’adolescence du web et de la petite | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : reflexion, strategie, thinktank, benard, brainsonic