26/05/2009
Le Web 2.0, c'est dépassé....
Interview Rafi Haladjian
Le Web 2.0, c’est dépassé. Place à l’Internet dans les objets communicants !
R&S – Le parcours de Rafi Haladjian
Après avoir créé plus d’une dizaine d’entreprises dans le domaine des services télématiques dès l’époque des premiers balbutiements du Minitel en 1983, Rafi Haladjian a créé en juin 1994, FranceNet, tout premier opérateur Internet en France. Son intuition d’alors était que l’Internet, réseau encore confidentiel à l’époque, allait « dans le sens de l’histoire ». FranceNet devint Fluxus en 2000 et fut cédé à BT (British Telecom) en 2001. Rafi Haladjian a quitté l’entreprise en avril 2003. Quelques semaines plus tard, en juin de la même année, Rafi Haladjian crée Ozone et Violet, étape suivante de la grande aventure de la connectivité qu’il poursuit depuis vingt ans. Ozone, premier opérateur du Réseau Pervasif[1] déploie notamment à Paris et dans d’autres villes d’Europe un réseau basé sur la technologie sans fil. OzoneParis propose un accès à l’Internet sans fil aux particuliers comme aux entreprises. Cet accès utilisable de façon fixe comme en situation de mobilité permet d’exploiter l’ensemble des ressources de l’Internet. Ozone a été vendu à Neuf Cegetel en juin 2007, afin que Rafi Haladjian puisse se consacrer pleinement au développement à l’international de Violet.
R&S – Parlez-nous des objets interactifs que vous avez créés
L’Internet ne se réduit pas au Web. Il fournit une connexion à un réseau. Un réseau qui peut servir à plein de choses. Un peu à l’image de l’énergie électrique qui a d’abord permis de fournir la lumière, puis le chauffage, le fer à repasser, la machine à laver, la télévision !
Je fais du Web depuis 1994, avec Olivier[2]. L’Internet a beaucoup évolué depuis ses débuts. Le web 1.0, puis le Web 2.0, qui rend l’utilisateur acteur du Web. La prochaine étape, c’est d’amener Internet dans les objets qui nous entourent. Se passer de l’écran. Car il y a une vie après le PC !
Nous avons créé nabaztag (lapin en Arménien, ndlr) dans cet esprit. nabaztag est destiné aux personnes qui veulent interagir sans écran. Simplement à l’aide de la parole et du geste. Donnez un ordre à nabaztag, il l’exécutera !
La prochaine étape sera franchie avec l’aide de la technologie RFID. Nous pourrons alors créer des interactions tangibles avec d’autres objets pour prolonger les actions vers des services Web. Comme par exemple ouvrir un livre pour le faire parler !
R&S – Quel est le business model de Violet ?
Violet développe 2 business :
- Une activité de retailer : La fabrication et la vente d’objets communicants, comme nabaztag:tag, mir:ror[3] ou encore dal:dal[4]. Une activité BtoC permettant aux acheteurs de s’ouvrir vers le monde.
- Et une activité BtoB vente de services. Nous développons des solutions technologiques et d’infrastructures pour rendre les produits communicants, en partenariat avec des industriels ou des agences en relation avec le client final. Comme par exemple les machines à café, les sèches cheveux connectés via bluetooth ou wifi ou encore d’autres objets, inertes[5] ceux-là, connectés via RFID.
Notre business model repose sur notre activité d’opérateur d’objets communicants, vivant 24h/24, se comportant de manière spontanée. Les objets n’étant pas dotés de capacités de calcul comme les ordinateurs, nous facturons à nos clients une redevance selon le nombre d’objets interconnectés.
R&S – Utilisez-vous personnellement et/ou professionnellement les réseaux sociaux ?
J’étais accroc à Facebook jusque l’an dernier. Puis ça m’a passé. Je collectionne les contacts sur les réseaux sociaux (Facebook et LinkedIn) mais cela ne m’a rien apporté sur un plan professionnel !
Lorsque je veux communiquer, je m’adresse aux médias traditionnels. La télévision touche des milliards de gens, les journaux sont lus par des millions de lecteurs tous les jours. La notoriété de Violet et de ses objets communicants a s’est faite sans les réseaux sociaux.
Et puis je préfère les relations physiques aux discussions virtuelles. Je vais vous conter une anecdote vécue il y a quelque temps. Dans un bus de l’aéroport de Roissy CDG, j’étais assis à côté d’une personne plongée dans le manuel de nabaztag. Nous avons engagé la conversation. Cet homme, qui travaille chez Dreamworks, m’a ouvert les portes de sa société !
R&S – Comment les objets créés par Violet interagissent-ils avec les réseaux sociaux ?
En mettant à jour votre profil sur Facebook ou Twitter, vous produisez en temps réel des informations peu intéressantes, mais qui font plaisir à ceux qui les reçoivent. Ce que le Web 2.0 a apporté à nabaztag, c’est le côté snack media, le média qui se consomme !
Nos objets vous permettent une synchronisation permanente avec votre tribu à l’aide de la parole ou de gestes, sans interrompre la tâche à laquelle vous êtes affairé. Vous êtes connecté en permanence sans vous en rendre compte. Avec nos objets, Internet fait partie de votre vie !
R&S – Que proposeriez-vous si vous étiez invité à des assises NTIC ?
Je suggèrerais de travailler sur l’utilisation d’Internet au travers d’objets, car c’est une technologie émergente. Le Web 2.0, c’est déjà has-been !
[1] Néologisme technologique du monde de l'informatique en réseau d'objets, le terme réseau pervasif est une traduction littérale de pervasive network, c’est-à-dire un réseau pénétrant ou infiltrant, (notion de perméabilité).
[2] Olivier Mével, cofondateur de la société Violet avec Rafi Haladjian et co-fondateur en 1995 de l’agence web BaBeL
[3] mir:ror = miroir connecté à Internet pour nous faciliter la vie
[4] dal:dal = lampe connectée à Internet, et qui par son code couleur indique différents états
[5] inertes signifie non alimentés en courant
00:06 Publié dans III- Un monde d'ubiquité et de connexion permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reflexion, strategie, thinktank, haladjian